Atelier – La filière des effets spéciaux numériques français et sa compétitivité internationale – Jean GAILLARD

La filière des effets spéciaux numériques français et sa compétitivité internationale
animé par Jean GAILLARD

Jean GAILLARD, président et cofondateur de NOMALAB, mènera une réflexion sur la filière des effets spéciaux numériques français et sa compétitivité internationale.

Sa société
NOMALAB
propose des services innovants, 100% web & cloud, pour la conservation et la logistique numérique des contenus audiovisuels.

Son parcours 
Directeur France et directeur produit Europe, IMD MEDIA LIMITED / OPTIMAD (2008 – 2015)
Président du RIAM, Recherche et Innovation en Audiovisuel et Multimédia, (2009 – 2013)
Directeur nouveaux services, Mikros Image (2000 – 2007)
Directeur des opérations, France Animation (1995 – 1998)

Outre ses diverses expériences en tant que directeur, Monsieur Gaillard est un consultant aguerri ; et a dirigé diverses études tout au long de sa carrière.

C’est pourquoi en 2016, Frédérique Bredin, présidente du CNC, a confié à notre intervenant un travail de réflexion sur la structuration du secteur des effets visuels en France.
Ce rapport, paru fin avril de cette même année, dégage 50 propositions à même de replacer le secteur sur le chemin de la croissance, qui constituent la base du Plan VFX lancé par le CNC.

L’atelier

L’activité VFX : malgré une constante progression en France, il reste beaucoup de progrès à faire pour égaler Soho ou Montréal.

Présentation des VFX

VFX est l’abréviation du terme anglo-saxon « Visual Effects » qui signifie « effets visuels »

Avant toute chose, il est important de rappeler que l’animation (activité exclusive pour Illumination ; l’une parmi d’autres pour Mikros) et les VFX sont deux catégories bien distinctes.

En effet, les VFX sont exclusivement des activités de prestations, au service de la production. L’animation, quant à elle, est un genre et une industrie de production à part entière où la fabrication est assurée par le producteur lui-même ou des studios sous-traitants.

Il existe trois grands domaines d’application pour les VFX :
– VFX Univers : un univers artificiel mais crédible (la science-fiction…)
– VFX Support : une reproduction imitative (les films historiques…)
– VFX Réparation : une amélioration visuelle (un effacement de câble…)

Au début des années 2000, la France est un pays leader de la transition numérique du film, un succès toujours présent dans la mémoire collective. La France compte aussi des prestataires actifs à l’international comme Buf (Matrix).

Or, la transition numérique est désormais révolue.

Luc Besson, Président d’EuropaCorp, lors de la production de Valerian prévoit les VFX en prestation à l’étranger chez ILM, Weta et Rodeo (~100 m€ de budget VFX). Le porte-parole d’EuropaCorp, expliquait que « si les effets spéciaux sont effectués à l’étranger, c’est que la capacité n’existe pas en France ». Une surprise pour les spécialistes du secteur, voire un coup dur pour la France, mais la question de la capacité à cette échelle était bien réelle.

Concours de circonstance, c’est à ce moment-là qu’une nouvelle direction des Industries Techniques est nommée au CNC dont la présidente a une sensibilité particulière pour le sujet. C’est pour cette raison qu’elle mandate Jean Gaillard pour réaliser un audit.

Le rapport Gaillard

Le rapport Gaillard s’appuie sur des :
– Données de l’agrément cinéma (enrichies par le CNC)
– Données de NTP (ciné, tv)
– Données du C2I depuis l’origine (FilmFrance)
– Données de la Ficam (données agrément, enquête interne)
– Rencontres systématiques, avec les prestataires (tous ceux identifiés à
l’agrément ou aux NTP), les producteurs, les chaînes et les écoles.

A noter : il n’y a pas de données quantitatives pour l’audiovisuel (tv) !

Les investigations se sont déroulées de janvier à mai 2016, et le rapport a été remis en juin 2016, rapport qui fait un état des lieux « préoccupant » !

Dans notre pays, la compétence VFX est peu ou mal reconnue. La production cinéma nationale ne s’oriente pas dans ce sens. Il n’y a pas de culture films « univers », et de ce fait, l’activité de prestation VFX pour le cinéma français ne s’élève en 2015 qu’à un volume total de 15 m€. En cause, une délocalisation très élevée, 60% en 2015 (29% en 2014), qui s’explique par les avantages fiscaux que proposent notamment la Belgique et le Canada. La conséquence en est une perte de savoir-faire sur le territoire.

La télévision, elle, est un marché réel avec une demande émergente.

On observe donc un déséquilibre : les prestations VFX demandent de la R&D (recherche et développement), de l’investissement, du savoir-faire, c’est un travail sur le long terme ; contrairement à la production qui est une activité à court terme.

Avec un marché supérieur à 3 mds €, les VFX sont réellement un marché à investir, car la demande mondiale est supérieure à l’offre ! Mais ce sont les majors, l’offre originale OTT (Netflix, Amazon), la tv haut de gamme (HBO) qui tirent le marché.

Des mécanismes publics existent, mais ils sont perfectibles, car ils bénéficient, par essence, à la production, et trop indirectement à la prestation.

Le plan VFX du CNC

L’objectif de la CNC est tripler, voire de quintupler cette activité en 3 à 5 ans. On note qu’il y a peu d’action encore sur la télévision.

Des mesures ont cependant été rapidement prises et sont appliquées :
Plancher CII abaissé

Dès la fin 2016, le plancher de dépenses VFX éligibles a été abaissé à 250k (contre 1m auparavant). Les premiers effets sont perceptibles mais non encore mesurables.

Aide NTP devenue CVS
 – Elle est passée de 6 à 9 m€.
 – Clarification des critères
 – Mécanisme semi-automatique basé sur l’effort VFX.
     Films de genre

Réforme de l’agrément Cinéma juste passée
La règle poste non pourvu = points acquis s’applique aux points VFX pour les films IF et IE
 – 3,5 points VFX (4 docu) sur 20 points Tournage & Post-prod (24). Attribués           PP si PP i&s et pas de VFX.
 – Le seuil « peu de VFX » est à la discrétion de la commission d’agrément.
IFCIC
 –  Elargissement aux industries techniques du dispositif Prêt Participatif
( financement en Quasi fonds propres).

RIAM (CNC / BPIFrance)
 – Incitation et soutien des entreprises VFX pour leur R&D.
 – La qualité de la R&D française est également reconnue.

Film France
 – Promotion à l’international. Site VFX France.
 – Les entreprises ont du mal à s’organiser et à identifier leurs intérêts
communs.

Expo La Villette Effets Spéciaux
 – “Crevez l’écran”.
 – Objectif : renforcer la reconnaissance « grand public » et « professionnels » des métiers VFX.

Renforcement enseignement VFX à la FEMIS
 – En collaboration avec 4 entreprises, pour aller vers le changement de  *
paradigme : pas 1, mais 3 manières de produire des images.

Travail sur le devis cinéma
-  Dépasser le « conservatisme » des directeurs de production.

Toutes ces mesures ont conduits à une augmentation de l’activité VFX au cinéma, à une baisse du taux de délocalisation et à la constitution d’une organisation professionnelle dédiée. C’est donc une belle avancée pour la France, mais notre pays doit poursuivre ses efforts pour revenir dans la course au niveau international.

Actuellement, la production à l’échelle mondiale est essentiellement américaine, mais on voit également une hausse importante de la production chinoise qui n’offre guère des prestations de qualité.

Sur le plan fiscal, Londres et Montréal ont les dispositifs le plus simples et les plus généreux. C’est pourquoi ils sont en ce moment « la place VFX ». On peut citer enfin l’exemple de la Belgique qui s’adresse en priorité au cinéma français et complète le plan de financement de l’œuvre.

& Demain ?

Quelles seront les conséquences du BREXIT sur le secteur ? Un retour dans l’hexagone de la diaspora française ? C’est à souhaiter, mais ce n’est pas une certitude !

Au niveau international, il faut :
 – Promouvoir l’image de Paris comme « Place VFX » ;
 – Simplifier la mise en œuvre du Crédit d’Impôt International (CII) ;
 – S’organiser collectivement.

Au niveau local, il convient de
 – Décliner et suivre les actions du plan VFX sur le secteur ;
 – Obtenir de la reconnaissance ;
 – Evangéliser les dispositifs utilisables par les entreprises ;
 – Maintenir l’évangélisation sur le sujet et incarner cette industrie.

Les pays européens, comme les Pays Bas ou les pays nordiques réussissent bien mieux que la France !

La France doit sortir de sa zone de confort, et conquérir ce nouveau marché.

 

 

 

 

Atelier – Le statut des intermittents et de ses évolutions – Maitre Anne Marie PECORARO

Le statut des intermittents et de ses évolutions animé par Maitre Anne-Marie PECORARO

Maitre Anne Marie PECORARO, avocate au Barreau de Paris, associée fondatrice de A TURQUOISE, cabinet spécialisé en droit économique, droit de la propriété intellectuelle et média à Paris et Bruxelles animera ce nouvel atelier.

Son parcours
Une forte implication au seing des associations professionnelles :
IFTA – Independent Film & Television Alliance
IAEL – International Association of Entertainment Lawyer
APRAM – Association des Praticiens du Droit des Marques et des Modèles
AFPIDA-ALAI – Association Française pour la Protection Internationale du Droit d’Auteur – Association Littéraire et artistique Internationale
ACEECCA – Association des Conseils et Experts Européens du Cinéma et de la Communication Audiovisuelle

Membre représentant l’Europe du Advisory Council du Public Interest Registry

Ses publications :
Coéditrice et co-auteur du Livre de l’IAEL :
Tech : Disruption and Evolution in the Entertainment Industries, 2017
Creative Lawyering for Growth in the Entertainment Industry, 2013

Publications régulières d’articles dans des revues et des journaux spécialisés en propriété intellectuelle et en droit des médias en France (La lettre de l’Audiovisuel ; Les Petites affiches) et à l’étranger (Media Law International

L’atelier :

SPEAKERS
QUEMY Frédéric – Pôle Emploi
CHEVALIER Louis – Pôle Emploi
FELDMAN Isabelle – Audiens
DAILLIE Bertrand – Procureur de la République

Un régime plus que jamais au centre de nombreuses interrogations

Créé en 1936, et intimement lié à l’audiovisuel en France, le régime des intermittents organise un accès spécial aux droits à indemnité chômage, qui a souvent été au cœur de polémiques diverses.

Ayant traversé des crises, le statut des intermittents du spectacle n’a cessé d’évoluer. Il est au cœur de la santé de l’audiovisuel français, et l’incidence de son organisation est cruciale tant pour les employés que pour les employeurs.

Comment débattre de ce régime pour l’améliorer, sans l’affaiblir ?

Quelles seraient les incidences de réformes actuellement envisagées sur le régime des intermittents ?

Quelles solutions pourraient être mises en avant afin de prendre en compte certaines positions des intermittents du spectacle, mais aussi du gouvernement et les organismes sociaux ?

Comment s’appuyer sur ce régime pour assurer toutes les chances à l’emploi ? Assurer aux employeurs de pouvoir recruter selon leurs besoins ? Maintenir les meilleures chances pour l’audiovisuel français si réputé pour l’expertise de ses acteurs ?

Le gouvernement d’Edouard Philippe a entrepris de réformer le code du travail et l’assurance-chômage. Dans quelle mesure cela va-t-il impacter les intermittents ?

De plus, Le budget des groupes de l’audiovisuel public (France Télévisions, Radio France…) est annoncé en réduction de 36 millions d’euros en 2018 par rapport à 2017, pour contribuer à la maîtrise des dépenses publiques. Quelles conséquences craindre de cette coupe budgétaire pour les intermittents de l’audiovisuel ? Comment va se répartir cette baisse du budget ?

Rappels : un système particulier de protection qui a fait ses preuves

Définitions et apparition du régime
Un intermittent du spectacle est un artiste ou technicien qui travaille par intermittence pour des entreprises du spectacle vivant, du cinéma, et de l’audiovisuel et qui bénéficie, suivant des critères de nombres d’heures travaillées, et après une cotisation complémentaire appliquée uniquement à cette tranche socio-professionnelle d’allocations chômages.

Crée en 1936, ce régime permet à une personne d’avoir plusieurs employeurs. Il est mis en place en 1965 pour le secteur cinématographique puis étendue aux techniciens du disque et de l’audiovisuel. En 1968, il s’applique aux entreprises du spectacle puis étendu aux artistes interprètes et aux techniciens du spectacle vivant.

Déséquilibre de l’assurance-chômage et permittence : les problèmes du régime
S’agissant du budget de l’assurance chômage :
• Il coûte 1 milliard d’euros par an selon la Cour des comptes au profit de 3% seulement des demandeurs d’emploi (dans son rapport de 2012)
• Les allocations distribuées sont supérieures aux cotisations versées dans le secteur
• Le déficit de ce régime représente un tiers du déficit total de l’assurance chômage

S’agissant des abus :
• La « permittence » : des employés permanents sous contrat d’intermittent.

Un régime qui a connu de nombreuses crises
A partir de 2003, le régime est modifié. Il faut désormais travailler 507h sur 10 mois pour être indemnisé pendant 8 mois (contre 610 heures sur vingt-huit mois pour les salariés du régime général). Une fois atteintes ces 507 heures — soit trois mois et demi de travail, l’indemnisation dure huit mois, alors que le régime général est basé sur un jour d’indemnisation par journée travaillée.

CGT et Force ouvrière contestent ces accords car ils dégraderaient les conditions d’indemnisation des intermittents du spectacle, de la production cinématographique et de l’audiovisuel. L’absence de mesures permettant de lutter contre les abus et la précarité du travail est également dénoncée.

La nouvelle convention sur l’allocation chômage le 22 mars 2014 durcit les conditions d’indemnisation. Les intermittents contestent ce nouvel accord car il ne prend pas en compte toutes les heures travaillées et durcit les conditions d’accès au régime spécial.

Fin de la crise en aout 2015 avec la Loi n°2015-994 du 17 aout 2015 : « sanctuarisation » du régime des intermittents dans une loi qui confère une base législative à ce statut particulier. Ce faisant, le gouvernement a suivi les recommandations du rapport de 2015 sur le statut (Archambault, Combrexelle et Gille).

Une nouvelle crise s’ouvre en 2016. Depuis 2015, le régime des intermittents du spectacle était inscrit dans la loi comme composante obligatoire des conventions d’assurance chômage. Ces règles évoluent sur proposition des partenaires sociaux des branches représentatives du secteur, dans les limites d’un cadre fixé par les organisations syndicales et patronales siégeant à l’Unedic. Lorsqu’un accord est trouvé le texte est ensuite soumis aux partenaires sociaux « nationaux » qui peuvent les conserver ou les modifier lors des négociations.

En juin 2016, le MEDEF quitte la table des négociations suspendant ainsi les négociations. En l’absence de validation interprofessionnelle, c’est le ministère du travail qui a décidé de leur application par décret en date du 13 juillet 2016 (applicable depuis le 1er aout 2016 pour une partie des dispositions, et depuis le déc. 2016 pour d’autres).

Un régime réformé qui reste insatisfaisant pour beaucoup

Les nouveaux dispositifs du régime
• Désormais il faut travailler 507h sur 12 mois pour être indemnisé pendant 12 mois.
• Valorisation des cachets à 12heures
• Prise en compte des heures d’enseignement pour les artistes et pour les techniciens (qui était jusque-là pris en compte que pour les artistes) : on prend donc en compte 70h (contre 55h auparavant) ;
• Instauration d’une allocation « plancher » : minimum 38 € pour l’annexe 8 et 44 € pour l’annexe 10.
• Neutralisation des baisses d’indemnisation après un congé maternité
• Réduction de la franchise qui limite le montant de l’indemnisation selon le montant des salaires perçus ;
• Création du FONPEPS (cf. encadré)

Les 5 autres mesures entreront en vigueur au printemps 2018 :
• Aide à la garde d’enfant d’artistes et techniciens intermittents ;
• Fonds pour les groupements d’entreprises de la culture ;
• Dispositif de soutien à l’emploi dans les secteurs fragiles cafés-culture ;
• Dispositif de soutien à l’emploi dans les secteurs fragiles/ petits lieu de diffusion de musique/théâtre/danse ;
• Dispositif de soutien à l’emploi des artistes dans le secteur de l’édition phonographique

Il existe malgré tout des problèmes persistants du fait de mesures défavorables pour les intermittents auxquelles le décret du 13 juillet 2016 n’a pas remédié :
• Différé congés payés : les congés payés ne sont toujours pas pris en compte lors de la recherche des heures pour l’ouverture des droits ;
• Baisse du plafond mensuel du cumul revenus + indemnités : abaissé à 1,18 du plafond mensuel de la sécurité sociale, soit 3 797,24 €.

Quel bilan tirer du décret du 13 juillet 2016 ?

Les mesures incitatives mises en place par le FONPEPS en terme d’emploi pour le secteur de l’audiovisuel sont-elles suffisantes aujourd’hui ?

Faut-il s’inspirer des acquis du FONPEPS pour redéployer les renégociations de mars 2018 ?

Selon les représentants de “Pôle Emploi spectacle” qui ont tenu à rappeler leurs deux missions visant d’une part l’indemnisation et d’autre part le placement, il existe une montée en puissance des CDI et une recherche vers la quarantaine d’une sortie du statut de l’intermittence. Toutefois, l’appartenance à l’intermittence entraine une sorte d’identité à laquelle les artistes sont attachés et qui n’existe pas chez les autres demandeurs d’emploi.

La question de l’ouverture de ce statut vers les indépendants est aujourd’hui posée avec les nouveaux modes de travail et la délinéarisation des carrières.

La nécessité d’un assouplissement des conditions de l’emploi semble actée selon le procureur Bertrand Daillie qui estime le secteur de l’intermittence très fragile avec des employeurs difficiles comme les sociétés de production qui cherchent à maximaliser leur profit. L’évocation des CDDU, de leur transformation en CDI concluent ses propos.

 

Annexes

Le statut en chiffres
En 2015 : 253 000 intermittents du spectacle en France, donc 43,8 % en IDF.
• 152 000 sont des artistes (60%)
• 101 000 sont des techniciens (40%)
• 25% des intermittents réalise seulement 1 contrat de travail au cours de l’année 2015
• 8,6 % réalisent plus de 50 contrats dans l’année
• La moyenne est de 16,5 contrats au cours de l’année 2015
• En moyenne le nombre d’heures travaillées par salarié intermittent est de 385 heures contre 379 en 2014 (+1.7%)

S’agissant de l’audiovisuel :
• Ce secteur concentre 55% de la masse salariale et 42% des heures travaillées
• 1/3 des contrats sont effectués dans l’audiovisuel et 8 contrats sur 10 le sont pour des employeurs du secteur de la production audiovisuelle, cinéma et animation

Le CDDU
Crée en 1998, ce contrat qui peut être conclu à plusieurs reprises successivement avec le même salarié lorsqu’il est d’usage constant de ne pas recourir au CDI en raison de la nature de l’activité exercée et du caractère par nature temporaire de ces emplois (liste à l’art. D. 1242-1 C. Travail).

Les juges du fond doivent vérifier que le recours à l’utilisation de CDD successifs doit être justifié par des raisons objectives et concrètes.

Le Fonds national pour l’emploi pérenne dans le spectacle (FONPEPS)
C’est quoi ? 1er fonds (90 millions d’€) créé par Manuel Valls pour soutenir activement l’emploi pérenne dans le spectacle vivant et enregistré ;
Pourquoi ? Volonté du Gouvernement de favoriser l’emploi durable dans le secteur du spectacle, notamment en soutenant l’embauche en CDI ;
Quand ? Depuis janvier 2017, 4/9 des dispositifs sont accessibles à savoir :
- L’aide à l’embauche d’un 1er salarié en CDI pour les entreprises relevant des branches du spectacle ;
 – La prime à l’emploi pérenne de salariés du spectacle ;
 – La prime aux contrats de longue durée dans le secteur du spectacle ;
 – L’aide à l’embauche des jeunes artistes diplômés
Les autres dispositifs entreront en vigueur au printemps 2018.

-> L’aide à l’embauche d’un 1er salarié en CDI pour les entreprises relevant des branches du spectacle :
Pour qui ? 1er salarié embauché en CDI dont salaire inférieur à 3 Smic
Combien ? 1000 € par trimestre pendant 2 ans

-> La prime à l’emploi pérenne de salariés du spectacle :
– Pour qui ? tout intermittent qui relève des annexes 8 et 10, embauché en CDI, dont le salaire est inférieur à 3 smic
– Combien ? montant dégressif : 10 000 euros la 1ère année, 8 000 € la 2e année, 6 000 la 3e année, 4 000 € la dernière année

-> La prime à l’emploi pérenne de salariés du spectacle :
– Pour qui ? salariés, artistes ou techniciens, embauchés en CDD de longue durée, dont le salaire est inférieur à 3 SMIC dans les entreprises du spectacle de – de 100 temps pleins annuels ;
– Combien ? 500€ = contrat 2 à 3 mois
800€ = contrat 3 à 6 mois
1800 € = contrat 6 mois à 1 ans
4000 € = contrat d’un an ou +

-> L’aide à l’embauche des jeunes artistes diplômés
– Pour qui ? Artiste embauché en CDI ou CDD d’ua moins 4 mois dans les 3 ans suivant l’obtention de son diplôme ;
– Combien ? 1000 €/mois, renouvelable tous les 12 mois suivant la date de début d’’exécution du contrat dans la limite de 3 ans.

 

 

Atelier – La place de la Francophonie dans l’économie des médias en Afrique Subsaharienne – Séverine LAURENT

La place de la Francophonie dans l’économie des médias en Afrique Subsaharienne
Animé par Séverine LAURENT

Madame Séverine LAURENT , consultant international, directrice d’Afrikakom et Responsable de conférences animera ce nouvel atelier sous le thème de la place de la francophonie dans l’économie des médias en Afrique Subsaharienne.

Son parcours :
Depuis 1994, Séverine évolue dans les secteurs convergents des médias et de la communication en Afrique subsaharienne.
Depuis 2007, consultante groupe AB sat pour son développement en Afrique

Secrétaire Générale du Réseau des Médias francophones de l’Organisation internationale de la Francophonie (2006-2009)
Directrice du lancement de l’opérateur Télésat Djibouti (2006-2007)
Directrice de la communication et du développement de la chaîne Africable Télévision (2004-2005)

Parallèlement, elle a réalisé de nombreuses missions tant pour des opérateurs publics (gouvernement du Mali, du Tchad, Afrique du Sud…) que privés (Free Africa, Pixagility, Turner Broadcasting…), principalement dans les secteurs médias, communication et culture.

Ses publications :
Clés pour la Communication en Afrique de l’Ouest paru en 2014
Revue numérique de l’Institut National de l’Audiovisuel – INA Global, où sont régulièrement publiés ses articles de fonds concernant les médias en Afrique

Compte rendu de l’atelier :

« Ne plus commercer en Afrique mais commercer avec l’Afrique »

Une place du français en recul notable
Le verbe revêt une grande importance en Afrique. La multiplicité des concours d’éloquences, de poésie, marquent la place centrale de la maîtrise verbale dans les cultures.

La pratique du mélange des langues, l’insertion de mots locaux dans le français, sont des caractéristiques partagées.

Néanmoins, il convient de réaliser que de plus en plus, l’usage des langues nationales prend le pas sur la langue française.

• On ne compte en moyenne que 11 à 13% de francophones dans la zone AOF, hors côte d’Ivoire, Togo et Gabon. Le Tchad : par exemple a plus d’une centaine de langues officielles, le Mali 12.

• 85% des gens vivent dans le monde rural. Ceux qui parlent français sont plutôt dans les capitales. Si le français reste la « langue de crête », celle du pouvoir, du prestige, de la liberté de parole, elle est aussi celle de l’asservissement, de la domination. Les langues de masse véhiculent en revanche les valeurs de partage, solidarité, modernité. Les langues de base, enfin savoirs et savoir-faire ancestraux, tradition, mais aussi retard technologique, communautarisme.

 

Des pratiques audiovisuelles en rapide évolution
Le secteur audiovisuel connaît, comme celui des usages, de rapides mutations.

L’utilisation des réseaux sociaux et des plateformes d’hébergement de vidéos permet à des équipes très légères de production de travailler et de diffuser. L’agilité de structures disposant souvent de peu de moyens est étonnante. Le très fort taux d’équipement en smartphone favorise aussi l’évolution des modes de consommation.

 

Une francophonie qui doit être mieux représentée sur les écrans hexagonaux
L’image et la place de l’Afrique dans les médias nationaux français posent problème. Elles véhiculent toujours une vision caricaturale, orientée vers les lieux les moins développés. Il faudrait parler des succès, insérer aussi la population francophone de façon plus étroite dans le flux habituel des programmes.

En quelques années, la France risque de connaître un rapide recul de son influence et de sa capacité à échanger et commercer avec les zones francophones. Le dialogue et la mixité risquent de s’estomper. L’influence culturelle (par exemple la notoriété des stars de cinéma) n’est plus la même.

Les médias nationaux doivent repenser leur politique avec leurs partenaires africains, notamment concernant la production. Le marché africain devient plus autonome, à la pointe de l’usage des médias sociaux et nouveaux médias.

Les concurrents chinois sont très déterminés à pénétrer rapidement les marchés. Ils pratiquent l’adaptation locale, notamment concernant la langue, de façon systématique.

Il faut considérer en somme l’Afrique non pas comme un vivier où puiser mais comme un partenaire avec lequel progresser.

Recommandations pour des acteurs français souhaitant se développer en Afrique
• Ne pas hésiter à employer un français africanisé, pour correspondre à l’habitude de « jouer avec la langue ».
Aborder le marché local dans un esprit de partage de connaissances et de partenariat.
• Savoir s’insérer dans le paysage avec de petites structures recrutant sur place et faisant de la formation. Préférer cette stratégie modeste à un étalage trop ostensible de présence qui peut être contre-productif.
• Investir dans la traduction, qui est l’un des besoins les plus mal satisfaits.
• Bien comprendre les mécanismes culturels, notamment concernant l’importance de la dimension humaine.

Atelier – La place de l’information dans les médias – Pierre SLED

Atelier de réflexion
La place de l’information dans les médias – Pierre SLED
Mercredi 20 septembre 2017

Monsieur Pierre Sled, consultant média français-italien et intervenant politique français sur la chaine italienne Rai News,  a animé notre premier atelier de l’année sous le thème la place de l’information dans les médias.
Son parcours :
Ancien directeur des programmes de France 3 (2010 – 2012) ; créateur, producteur et présentateur d’émissions pour LCP (Politique Matin (2009-2010) et Bouge la France (2004-2009)) ; présentateur de Stade 2 sur France 2 (1995 – 2000) ; créateur et présentateur de l’Equipe du dimanche (1990 – 1995) sur Canal Plus, mais également connu pour sa carrière radiophonique sur les stations Europe 1 (2004-2007), RTL (2001), RFO (1985) et Radio France (1984).

 

 

L’atelier :
De la nécessité d’une télévision bienveillante

Après avoir rapidement évoqué son parcours journalistique et télévisuel Pierre Sled a fait part de son ressenti sur la télévision d’aujourd’hui et son sentiment sur la nécessité de passer d’une télévision agressive à une télévision bienveillante.

Faisant comme tous le constat que l’arrivée d’internet et en particulier des réseaux sociaux a totalement bouleversé notre façon de nous informer, Pierre Sled dénonce, tout en reconnaissant qu’il faut s’y adapter, une société où l’on veut tout, tout de suite, où l’on doit aller directement à l’essentiel, où le « buzz » et le sensationnel font loi.

Nous vivons aujourd’hui en étant surinformés « Nous sommes surnourris » : démultiplication des chaines d’informations et des canaux de distribution. Grâce aux smartphones et leurs applications, il est possible d’être informé en temps réel des évènements. Nous ne sommes plus dépendants des médias classiques pour accéder aux informations.

Même si la grande messe du 20 heures résiste encore avec des formats toutefois plus courts, les journaux du soir par exemple n’existent plus. Pour rivaliser et rester attractives les chaines d’informations « mettent en scène » l’information et envoient de nombreuses informations simultanées (bandeau, heures et date, images incrustées …) ; Elles ont aussi chacune une ligne éditoriale spécifique. Il s’agit surtout de faire la captation d’audience et de moduler les sujets d’information en fonction de celle-ci. Ce qui amène aujourd’hui à une télévision agressive.

Bons nombres d’émissions en France fonctionnent sur la mécanique suivante : un présentateur neutre, un chroniqueur dans le rôle du « méchant » et un invité qui subit les attaques, le but étant de créer une tension, un buzz pour augmenter sa part d’audience. La reprise par les réseaux sociaux de ces évènements que l’on devrait considérés comme insignifiants devient alors la mesure « étalon ».

Ce système présente de nombreuses limites : les fakenews sont monnaie courante ; cette recherche permanente d’informations en particulier sur les chaines en continue poussent parfois les professionnels au-delà de l’acceptable, ce qui a été par exemple le cas lors des attaques terroristes pour qui la diffusion des informations et des images « chocs » a primé sur le respect des personnes, le voyeurisme et la chasse aux scoops à quel prix !

L’information est devenue un mode de vie, on fabrique des personnes dépendantes à l’information qui est partout. Il n’y a plus d’information stricto-sensu.

Selon un participant, en complément des propos de Pierre Sled, les chaines d’informations en continu comme BFM (meilleure audience) drainent près de 20 millions de téléspectateurs hebdomadaires. Le rendez-vous du matin sur RMC avec Bourdin fait 20% de part d’audience. France Info TV et LCI sont plus en souffrance tandis que les chaines parlementaires ont leur public.

Les jeunes s’orientent plus vers l’information en continue et le public « sénior » reste, quant à lui, présent au rendez-vous du JT (vieillissement du public surtout sur les chaines publiques).

De plus lorsque les évènements prennent le dessus, lorsqu’une information importante est annoncée, les gens sont au rendez-vous, aucune émission ne résiste face à un événement majeur. Il est à noter que les magazines d’information fonctionnent de plus en plus difficilement alors qu’elles traitent des sujets sur le fond. Ces différents constats amènent la question essentielle de la soirée : qu’est-ce qu’une bonne information ?

Une information vérifiée, objective, factuelle, accessible, honnête, fiable … Les adjectifs sont nombreux et le débat doit rester ouvert.
Le format de l’information est également important avec de nouveaux modules comme « Brief » qui propose des synthèses sur 4,5 points d’information et qui fonctionne bien.

Vivant depuis plus d’un an en Italie, Pierre Sled a également fait un parallèle rapide entre nos deux modes télévisuels. Selon lui, la télévision Italienne semble plus responsable et moins influencée par les réseaux sociaux.

D’où sa réflexion sur la nécessité de revenir en France à une télévision moins agressive, moins « méchante » ; une télévision qui pense, qui met à l’aise les invités et non pas le contraire comme c’est le cas dans de nombreuses émissions actuelles. En un mot une Télévision Bienveillante.

C’est ce message que Pierre Sled souhaite faire passer auprès des dirigeants de chaines françaises. Selon lui, l’avertissement lancé lors des dernières échéances électorales s’adresse aussi au monde de la télévision. Il faut en être conscients. Notre télévision doit changer.

Le mot de Pierre Sled :
« Ce sont nos émissions anxiogènes qui fabriquent aujourd’hui l’agressivité des réseaux sociaux tout en la dénonçant.
Après des années de crises le message envoyé par les électeurs aux dernières élections qui ont fait explosé le paysage politique est aussi adressé à notre télévision.
N’oublions pas que 95 à 98 % des français ne regardent pas les émissions des présentateurs qui occupent l’essentiel de la surface médiatique. Ce décalage explosera à échéance.
La médiasphère nous a coupé de la vie réelle des français. »