Atelier – La place de l’information dans les médias – Pierre SLED

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20 septembre 2017 18 h 30 min - 20 h 30 min

Atelier de réflexion
La place de l’information dans les médias – Pierre SLED
Mercredi 20 septembre 2017

Monsieur Pierre Sled, consultant média français-italien et intervenant politique français sur la chaine italienne Rai News,  a animé notre premier atelier de l’année sous le thème la place de l’information dans les médias.
Son parcours :
Ancien directeur des programmes de France 3 (2010 – 2012) ; créateur, producteur et présentateur d’émissions pour LCP (Politique Matin (2009-2010) et Bouge la France (2004-2009)) ; présentateur de Stade 2 sur France 2 (1995 – 2000) ; créateur et présentateur de l’Equipe du dimanche (1990 – 1995) sur Canal Plus, mais également connu pour sa carrière radiophonique sur les stations Europe 1 (2004-2007), RTL (2001), RFO (1985) et Radio France (1984).

 

 

L’atelier :
De la nécessité d’une télévision bienveillante

Après avoir rapidement évoqué son parcours journalistique et télévisuel Pierre Sled a fait part de son ressenti sur la télévision d’aujourd’hui et son sentiment sur la nécessité de passer d’une télévision agressive à une télévision bienveillante.

Faisant comme tous le constat que l’arrivée d’internet et en particulier des réseaux sociaux a totalement bouleversé notre façon de nous informer, Pierre Sled dénonce, tout en reconnaissant qu’il faut s’y adapter, une société où l’on veut tout, tout de suite, où l’on doit aller directement à l’essentiel, où le « buzz » et le sensationnel font loi.

Nous vivons aujourd’hui en étant surinformés « Nous sommes surnourris » : démultiplication des chaines d’informations et des canaux de distribution. Grâce aux smartphones et leurs applications, il est possible d’être informé en temps réel des évènements. Nous ne sommes plus dépendants des médias classiques pour accéder aux informations.

Même si la grande messe du 20 heures résiste encore avec des formats toutefois plus courts, les journaux du soir par exemple n’existent plus. Pour rivaliser et rester attractives les chaines d’informations « mettent en scène » l’information et envoient de nombreuses informations simultanées (bandeau, heures et date, images incrustées …) ; Elles ont aussi chacune une ligne éditoriale spécifique. Il s’agit surtout de faire la captation d’audience et de moduler les sujets d’information en fonction de celle-ci. Ce qui amène aujourd’hui à une télévision agressive.

Bons nombres d’émissions en France fonctionnent sur la mécanique suivante : un présentateur neutre, un chroniqueur dans le rôle du « méchant » et un invité qui subit les attaques, le but étant de créer une tension, un buzz pour augmenter sa part d’audience. La reprise par les réseaux sociaux de ces évènements que l’on devrait considérés comme insignifiants devient alors la mesure « étalon ».

Ce système présente de nombreuses limites : les fakenews sont monnaie courante ; cette recherche permanente d’informations en particulier sur les chaines en continue poussent parfois les professionnels au-delà de l’acceptable, ce qui a été par exemple le cas lors des attaques terroristes pour qui la diffusion des informations et des images « chocs » a primé sur le respect des personnes, le voyeurisme et la chasse aux scoops à quel prix !

L’information est devenue un mode de vie, on fabrique des personnes dépendantes à l’information qui est partout. Il n’y a plus d’information stricto-sensu.

Selon un participant, en complément des propos de Pierre Sled, les chaines d’informations en continu comme BFM (meilleure audience) drainent près de 20 millions de téléspectateurs hebdomadaires. Le rendez-vous du matin sur RMC avec Bourdin fait 20% de part d’audience. France Info TV et LCI sont plus en souffrance tandis que les chaines parlementaires ont leur public.

Les jeunes s’orientent plus vers l’information en continue et le public « sénior » reste, quant à lui, présent au rendez-vous du JT (vieillissement du public surtout sur les chaines publiques).

De plus lorsque les évènements prennent le dessus, lorsqu’une information importante est annoncée, les gens sont au rendez-vous, aucune émission ne résiste face à un événement majeur. Il est à noter que les magazines d’information fonctionnent de plus en plus difficilement alors qu’elles traitent des sujets sur le fond. Ces différents constats amènent la question essentielle de la soirée : qu’est-ce qu’une bonne information ?

Une information vérifiée, objective, factuelle, accessible, honnête, fiable … Les adjectifs sont nombreux et le débat doit rester ouvert.
Le format de l’information est également important avec de nouveaux modules comme « Brief » qui propose des synthèses sur 4,5 points d’information et qui fonctionne bien.

Vivant depuis plus d’un an en Italie, Pierre Sled a également fait un parallèle rapide entre nos deux modes télévisuels. Selon lui, la télévision Italienne semble plus responsable et moins influencée par les réseaux sociaux.

D’où sa réflexion sur la nécessité de revenir en France à une télévision moins agressive, moins « méchante » ; une télévision qui pense, qui met à l’aise les invités et non pas le contraire comme c’est le cas dans de nombreuses émissions actuelles. En un mot une Télévision Bienveillante.

C’est ce message que Pierre Sled souhaite faire passer auprès des dirigeants de chaines françaises. Selon lui, l’avertissement lancé lors des dernières échéances électorales s’adresse aussi au monde de la télévision. Il faut en être conscients. Notre télévision doit changer.

Le mot de Pierre Sled :
« Ce sont nos émissions anxiogènes qui fabriquent aujourd’hui l’agressivité des réseaux sociaux tout en la dénonçant.
Après des années de crises le message envoyé par les électeurs aux dernières élections qui ont fait explosé le paysage politique est aussi adressé à notre télévision.
N’oublions pas que 95 à 98 % des français ne regardent pas les émissions des présentateurs qui occupent l’essentiel de la surface médiatique. Ce décalage explosera à échéance.
La médiasphère nous a coupé de la vie réelle des français. »