Atelier – La filière des effets spéciaux numériques français et sa compétitivité internationale – Jean GAILLARD

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6 décembre 2017 8 h 30 min - 10 h 30 min

Eliote

66 rue de la Reine 92100 Boulogne-Billancourt

La filière des effets spéciaux numériques français et sa compétitivité internationale
animé par Jean GAILLARD

Jean GAILLARD, président et cofondateur de NOMALAB, mènera une réflexion sur la filière des effets spéciaux numériques français et sa compétitivité internationale.

Sa société
NOMALAB
propose des services innovants, 100% web & cloud, pour la conservation et la logistique numérique des contenus audiovisuels.

Son parcours 
Directeur France et directeur produit Europe, IMD MEDIA LIMITED / OPTIMAD (2008 – 2015)
Président du RIAM, Recherche et Innovation en Audiovisuel et Multimédia, (2009 – 2013)
Directeur nouveaux services, Mikros Image (2000 – 2007)
Directeur des opérations, France Animation (1995 – 1998)

Outre ses diverses expériences en tant que directeur, Monsieur Gaillard est un consultant aguerri ; et a dirigé diverses études tout au long de sa carrière.

C’est pourquoi en 2016, Frédérique Bredin, présidente du CNC, a confié à notre intervenant un travail de réflexion sur la structuration du secteur des effets visuels en France.
Ce rapport, paru fin avril de cette même année, dégage 50 propositions à même de replacer le secteur sur le chemin de la croissance, qui constituent la base du Plan VFX lancé par le CNC.

L’atelier

L’activité VFX : malgré une constante progression en France, il reste beaucoup de progrès à faire pour égaler Soho ou Montréal.

Présentation des VFX

VFX est l’abréviation du terme anglo-saxon « Visual Effects » qui signifie « effets visuels »

Avant toute chose, il est important de rappeler que l’animation (activité exclusive pour Illumination ; l’une parmi d’autres pour Mikros) et les VFX sont deux catégories bien distinctes.

En effet, les VFX sont exclusivement des activités de prestations, au service de la production. L’animation, quant à elle, est un genre et une industrie de production à part entière où la fabrication est assurée par le producteur lui-même ou des studios sous-traitants.

Il existe trois grands domaines d’application pour les VFX :
– VFX Univers : un univers artificiel mais crédible (la science-fiction…)
– VFX Support : une reproduction imitative (les films historiques…)
– VFX Réparation : une amélioration visuelle (un effacement de câble…)

Au début des années 2000, la France est un pays leader de la transition numérique du film, un succès toujours présent dans la mémoire collective. La France compte aussi des prestataires actifs à l’international comme Buf (Matrix).

Or, la transition numérique est désormais révolue.

Luc Besson, Président d’EuropaCorp, lors de la production de Valerian prévoit les VFX en prestation à l’étranger chez ILM, Weta et Rodeo (~100 m€ de budget VFX). Le porte-parole d’EuropaCorp, expliquait que « si les effets spéciaux sont effectués à l’étranger, c’est que la capacité n’existe pas en France ». Une surprise pour les spécialistes du secteur, voire un coup dur pour la France, mais la question de la capacité à cette échelle était bien réelle.

Concours de circonstance, c’est à ce moment-là qu’une nouvelle direction des Industries Techniques est nommée au CNC dont la présidente a une sensibilité particulière pour le sujet. C’est pour cette raison qu’elle mandate Jean Gaillard pour réaliser un audit.

Le rapport Gaillard

Le rapport Gaillard s’appuie sur des :
– Données de l’agrément cinéma (enrichies par le CNC)
– Données de NTP (ciné, tv)
– Données du C2I depuis l’origine (FilmFrance)
– Données de la Ficam (données agrément, enquête interne)
– Rencontres systématiques, avec les prestataires (tous ceux identifiés à
l’agrément ou aux NTP), les producteurs, les chaînes et les écoles.

A noter : il n’y a pas de données quantitatives pour l’audiovisuel (tv) !

Les investigations se sont déroulées de janvier à mai 2016, et le rapport a été remis en juin 2016, rapport qui fait un état des lieux « préoccupant » !

Dans notre pays, la compétence VFX est peu ou mal reconnue. La production cinéma nationale ne s’oriente pas dans ce sens. Il n’y a pas de culture films « univers », et de ce fait, l’activité de prestation VFX pour le cinéma français ne s’élève en 2015 qu’à un volume total de 15 m€. En cause, une délocalisation très élevée, 60% en 2015 (29% en 2014), qui s’explique par les avantages fiscaux que proposent notamment la Belgique et le Canada. La conséquence en est une perte de savoir-faire sur le territoire.

La télévision, elle, est un marché réel avec une demande émergente.

On observe donc un déséquilibre : les prestations VFX demandent de la R&D (recherche et développement), de l’investissement, du savoir-faire, c’est un travail sur le long terme ; contrairement à la production qui est une activité à court terme.

Avec un marché supérieur à 3 mds €, les VFX sont réellement un marché à investir, car la demande mondiale est supérieure à l’offre ! Mais ce sont les majors, l’offre originale OTT (Netflix, Amazon), la tv haut de gamme (HBO) qui tirent le marché.

Des mécanismes publics existent, mais ils sont perfectibles, car ils bénéficient, par essence, à la production, et trop indirectement à la prestation.

Le plan VFX du CNC

L’objectif de la CNC est tripler, voire de quintupler cette activité en 3 à 5 ans. On note qu’il y a peu d’action encore sur la télévision.

Des mesures ont cependant été rapidement prises et sont appliquées :
Plancher CII abaissé

Dès la fin 2016, le plancher de dépenses VFX éligibles a été abaissé à 250k (contre 1m auparavant). Les premiers effets sont perceptibles mais non encore mesurables.

Aide NTP devenue CVS
 – Elle est passée de 6 à 9 m€.
 – Clarification des critères
 – Mécanisme semi-automatique basé sur l’effort VFX.
     Films de genre

Réforme de l’agrément Cinéma juste passée
La règle poste non pourvu = points acquis s’applique aux points VFX pour les films IF et IE
 – 3,5 points VFX (4 docu) sur 20 points Tournage & Post-prod (24). Attribués           PP si PP i&s et pas de VFX.
 – Le seuil « peu de VFX » est à la discrétion de la commission d’agrément.
IFCIC
 –  Elargissement aux industries techniques du dispositif Prêt Participatif
( financement en Quasi fonds propres).

RIAM (CNC / BPIFrance)
 – Incitation et soutien des entreprises VFX pour leur R&D.
 – La qualité de la R&D française est également reconnue.

Film France
 – Promotion à l’international. Site VFX France.
 – Les entreprises ont du mal à s’organiser et à identifier leurs intérêts
communs.

Expo La Villette Effets Spéciaux
 – “Crevez l’écran”.
 – Objectif : renforcer la reconnaissance « grand public » et « professionnels » des métiers VFX.

Renforcement enseignement VFX à la FEMIS
 – En collaboration avec 4 entreprises, pour aller vers le changement de  *
paradigme : pas 1, mais 3 manières de produire des images.

Travail sur le devis cinéma
-  Dépasser le « conservatisme » des directeurs de production.

Toutes ces mesures ont conduits à une augmentation de l’activité VFX au cinéma, à une baisse du taux de délocalisation et à la constitution d’une organisation professionnelle dédiée. C’est donc une belle avancée pour la France, mais notre pays doit poursuivre ses efforts pour revenir dans la course au niveau international.

Actuellement, la production à l’échelle mondiale est essentiellement américaine, mais on voit également une hausse importante de la production chinoise qui n’offre guère des prestations de qualité.

Sur le plan fiscal, Londres et Montréal ont les dispositifs le plus simples et les plus généreux. C’est pourquoi ils sont en ce moment « la place VFX ». On peut citer enfin l’exemple de la Belgique qui s’adresse en priorité au cinéma français et complète le plan de financement de l’œuvre.

& Demain ?

Quelles seront les conséquences du BREXIT sur le secteur ? Un retour dans l’hexagone de la diaspora française ? C’est à souhaiter, mais ce n’est pas une certitude !

Au niveau international, il faut :
 – Promouvoir l’image de Paris comme « Place VFX » ;
 – Simplifier la mise en œuvre du Crédit d’Impôt International (CII) ;
 – S’organiser collectivement.

Au niveau local, il convient de
 – Décliner et suivre les actions du plan VFX sur le secteur ;
 – Obtenir de la reconnaissance ;
 – Evangéliser les dispositifs utilisables par les entreprises ;
 – Maintenir l’évangélisation sur le sujet et incarner cette industrie.

Les pays européens, comme les Pays Bas ou les pays nordiques réussissent bien mieux que la France !

La France doit sortir de sa zone de confort, et conquérir ce nouveau marché.