Atelier – Innovation – Julien BORDE

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21 mars 2018 9 h 00 min - 11 h 00 min

Eliote

66 rue de la Reine 92100 Boulogne-Billancourt

Innovation
animé par Julien Borde
Directeur des chaînes TURNER France et Afrique

Speakers :
Gilles FREISSINIER, Directeur du Développement numérique d’ARTE FRANCE
Danielle ATTIAS, Directrice déléguée de FRANCE TV SVOD

Son parcours :

Julien BORDE est Directeur des chaînes Kids et General Entertainment TURNER France et Afrique.
Il est responsable de toutes les activités éditoriales des marques jeunesse et cinéma/séries de Turner pour la zone, incluant les programmes, le digital, le marketing et la communication pour les chaines jeunesse Cartoon Network, Boomerang, Boing, Toonami ainsi que les chaines cinéma et séries : TCM Cinéma et WarnerTV.

Retrouvez les portraits détaillés de nos trois intervenants, en cliquant ICI

 

 L’atelier :
La plateformisation des chaînes de télévision est l’une des évolutions les plus frappantes de l’audiovisuel actuel. Les trois présentations faites lors de l’atelier ont permis de livrer un état des lieux des enjeux de cette transformation pour l’audiovisuel français.

De la pénurie à la surabondance
Les consommateurs reçoivent des flux de contenus de plus en plus nombreux. Amazon prime, Netflix, Hulu, HBO : autant d’entreprises qui se sont déjà réinventées et disruptent les câblo-opérateurs aux Etats-Unis.

Les acteurs français sont aujourd’hui dans un monde globalisé, avec des concurrents globaux, pensant plus en termes de langues qu’en termes de territoires.

Parmi les nouveaux acteurs :
• Netflix a permis au marché de se développer. Son cœur de cible entre 15 et 25 ans.
• YouTube
º 80% de la population française connectée l’utilise.
º 1 milliard d’heures regardées par jour !
• Facebook ne peut plus prétendre être une simple plateforme neutre. Elle est désormais contrainte de travailler sur la vérification automatique des contenus.

Dans les chaînes, la plateformisation prend la forme d’une activité de replay de plus en plus importante. Elle va de pair avec le développement de contenus digitaux : MyTF1, France TV, 6Play, Arte+7…

Côté payant : myCanal et Altice. Et plus d’une dizaine de services SVOd (Tfou Max…)

De nouvelles pratiques qui sont autant de défis
Le numérique offre la possibilité d’une TV ultra-personnalisée. Reed hastings Le fondateur de Netflix dit : « il n’y a pas un Netflix, mais plus de 120 millions de Netflix, autant que d’utilisateurs ».

Cette révolution force les acteurs traditionnels à repenser leurs offres et leurs stratégies. La programmation des chaines de télévision doit se réinventer en considérant la consommation délinéarisée comme centrale et non annexe.

La programmation des chaines de télévision repose sur des règles établies à la création des network américains, format d’une heure commerciale (40 minutes de contenu, 20 minutes de pub), structuration de la grille sur 40 ou 52 semaines, Prime time et programmation des nouveautés en fonction de la disponibilité des publics de masse.

La néo-programmation, la réinvention des principes de programmation à l’heure du numérique doit :

• Adapter une approche résolument Consumer centric : Mettre le téléspectateur au centre.

• Permettre au téléspectateur d’interagir avec le contenu. On ne peut pas s’arrêter à la simple distribution de contenus à la demande dans un vaste catalogue mal organisé.

• Une curation des contenus adapté à chaque écran et personnalisée.

• Trouver l’équilibre entre programmation « adressée » générée par les algo de recommandations et programmation humaine, volonté de l’éditeur de mettre en avant, faire découvrir ses contenus.

Ne pas caricaturer l’opposition entre EU et le reste du monde.
• Netflix éduque le marché : crée des opportunités sur les services
• Un problèmes commun : le piratage. Beaucoup de consommateurs consomment l’audiovisuel illégalement. C’est le vrai sujet.

Quelle est la meilleure façon de prendre de l’avance en France ? Avoir un coup d’avance, trouver les innovations qui permettront de construire les meilleurs services et de se différencier des acteurs dominants.

Le cas d’Arte
Pour Arte, l’intérêt de la plateformisation est de rendre accessibles les programmes et d’inciter au partage.

La chaîne crée des programmes spécifiques pour le numérique (documentaires interactifs, jeux vidéos, fiction, etc.).

La vocation particulière d’Arte (média culturel européen de service public) porte évidemment des enjeux qui ne sont pas les mêmes que pour d’autres acteurs.

Internet a pu initialement véhiculer l’espoir d’une mise à égalité des offres, d’une démocratisation culturelle. En pratique, on sait que l’utilisation sur mobile est concentrée sur certaines applications (aux USA, 18-24 ans, concentration sur YT, FB, Insta). De plus, l’ouverture à la connaissance, à la culture, ne se produit pas.

Parmi les nouvelles tendances :
• Exemple de Now This : média américain disant qu’ils n’ont pas de site internet. Ont directement les contenus sur les réseaux sociaux.
• Sur les plateformes des FAI (replay des box), les chaînes apparaissent moins, ce sont les programmes qui sont mis en avant.
• En termes de concurrence, l’écart des capacités d’investissement dans la production est considérable : Netflix dépasse 6 milliards de dollars dans les contenus, alors qu’Arte a moins de 150 millions d’euros de budget programmes !
• Dépendance grandissante de réseaux sociaux qui peuvent censurer les contenus (notamment nudité, y compris artistique), qui pose problème.

Pour accomplir sa vocation de média culturel, Arte développe des contenus spécifiques pour réseaux sociaux.

Le numérique est porteur de nombreuses opportunités pour Arte :
• Il lui permet de concrétiser sa vision éditoriale européenne.
• Il permet aussi de mieux mettre en avant la créativité, au-delà des cadres contraignants d’une chaine linéaire.

ARTE+7 a été en 2006 l’un des premiers services de Replay. Les chaînes traditionnelles craignaient que le replay nuise à leurs revenus publicitaires, c’est pourquoi elles s’y sont mis assez tard.

Arte se veut l’inverse d’une logique d’enfermement du réseau social. Au lieu de confiner dans une bulle, on rentre en collision avec des points de vue différents. Faire des liens avec des choses qui ne sont pas attendues. Faire sortir de la bulle de filtre.

Le projet SVOD de FTV : état des lieux et perspectives
La plateforme France.TV est un vrai carrefour d’audience : elle enregistre 10 millions de VU.

La volonté est de créer un modèle freemium, permettant la conversion du gratuit vers le payant.

Pour quelle raison le groupe FTV décide-t-il d’y aller ?

Les programmes français et européens sont peu représentés dans les catalogues du marché. Dans le catalogue des séries par exemple, les séries françaises comptent pour 24% chez Netflix, 34% chez Amazon et 51% chez SFR Play. La valorisation des productions françaises passe clairement par le développement d’une plateforme lié aux acteurs français.

Les fictions françaises sont pourtant des succès à l’antenne et sont peu disponibles sur les plateformes du marché.

Le modèle de la SVOD classique : des « flat fees » achetés pour une période sur les titres. Budget considérable pour un catalogue donc. Comment exister avec une offre compétitive ?

FTV est allé chercher des acteurs avec qui le groupe travaillait déjà, comme Lagardère Studios, Newen, Tetra Media Studio pas exemple.

Le modèle économique : accès à l’ensemble du catalogue des ayants-droits et partage de revenus sur 20% du CA redistribué aux partenaires (dont 80% en fonction des consommations réelles générées et 20% en fonction de la contribution de chaque partenaire au volume total de programmes disponibles sur l’offre).

Les 3 piliers de l’offre :
• avant-première par rapport à l’antenne ;
• offre unique avec beaucoup d’exclusivité ;
• offre forte sur la fiction et la jeunesse.

Des discussions sont en cours avec TF1 et M6 pour envisager le projet de manière plus large.