Atelier à l’Assemblée nationale- Audiovisuel – Gilles CAMOUILLY

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30 mai 2018 8 h 00 min - 10 h 00 min

Assemblée nationale – Hôtel de la Questure

Hôtel de la Questure - 128, rue de l'Université

Atelier Audiovisuel
animé par Gilles CAMOUILLY

 

Monsieur Gilles CAMOUILLY, est fondateur et gérant de TV CONSULT, société de conseil spécialisée dans l’édition et la production audiovisuelle depuis 2010.

Il est notamment consultant Média pour NRJ, ARTE et LAGARDERE.

Son parcours :

  • – Directeur de l’antenne et des programmes de France Ô (2011 – 2016)
    – DGA Antenne et programmes de Televista (2007 – 2009)
    DG Syn TV, société de syndication des chaînes locales en France (2006 – 2007)-Directeur adjoint de l’antenne de TF1 (1998 – 2006) (après une expérience de 3 ans aux ressources humaines du même Groupe).

 

L’atelier :
Reçu à la questure de l’Assemblée nationale, l’atelier de l’OTA a bénéficié de la présence de Mme Frédérique DUMAS, députée des Hauts de Seine, vice-présidente de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée Nationale en charge d’un rapport parlementaire sur l’avenir de l’Audiovisuel Public. C’est à la demande du Président de la République qui souhaite une réflexion de fond sur le rôle de l’Audiovisuel Public dans le secteur global de l’audiovisuel et sur la nécessité de transformer un modèle devenu obsolète par rapport aux nouveaux usages. C’est un chantier qui concerne l’ensemble du pouvoir exécutif, services du premier Ministre et ministère de la culture (de nombreuses réunions sont en cours). L’Elysée entend avoir un droit de regard fort sur ce sujet.

Dans ce cadre, des questions se posent quant aux règles européennes (directive SMA), sur les objectifs à assigner au numérique et des missions précises à définir. Vers quel public souhaite-t-on que le Service Public se positionne, en sachant que le linéaire doit être respecté pour satisfaire un public existant et qu’il convient de fidéliser d’autres publics, notamment le jeune public, ceci étant considéré comme une exigence. Des économies d’échelles sont bien évidemment recherchées.

La phase de concertation est en cours et des orientations seront très prochainement dévoilées pour accompagner la transformation nécessaire de l’Audiovisuel Public dans sa globalité, sachant que ce rapport évoquera toutefois pleinement la production audiovisuelle.

Il convient de noter que l’auditoire s’inquiète toutefois du degré de connaissance des parlementaires de ce secteur si particulier.

Reprenant comme fil conducteur les propos de Mme Dumas, Gilles Camouilly aborde la nécessité d’une transformation globale de tout l’ensemble de l’audiovisuel public avant de cibler les économies qui semblent indispensables. Evoquant une BBC à la française, souvent mis en avant comme modèle à suivre, il fait part de l’inquiétude des professionnels français sur la production interne (comme c’est le cas pour la BBC) et met en doute la possibilité de son adaptation à notre service public. Le changement d’usage est tel qu’il faut pouvoir compter sur une capacité d’innovation dynamique et constante. Mais c’est avec regret qu’il fait le constat de la disparition de structures dédiées à l’innovation dans le Service Public et du manque relatif de jeunes cadres dans les instances dirigeantes actuelles (Cf. l’exemple de la Suède où les trentenaires sont majoritaires dans les équipes décisionnelles).

A propos de ce premier écueil, l’auditoire fait part de la présence insuffisante de la diversité culturelle à l’écran, de la nécessité de mieux refléter la société d’aujourd’hui, de la mission assignée à France O et des efforts à fournir en terme d’éditorialisation. La suppression de France 4 envisagée permet d’évoquer le fameux « périmètre » du service public français qui semble trop étendu.

Des propositions sur les audiences quantitatives (fragmentation de l’écoute à quantifier) sont également nécessaires pour mieux évaluer le public à atteindre sachant que l’Audiovisuel Public a un vrai souci avec le public « jeune » et leur mode de consommation des écrans. Il est donc nécessaire de disposer de programmes pour les 15/25 ans et il convient de comprendre que le média d’accompagnement (linéaire) ne sera bientôt plus la valeur première du Service Public.

D’ailleurs la recommandation pourrait être portée par l’ OTA : Francetélévisions en devenir serait une plateforme de contenus SVOD.

La culture doit être traitée de façon non élitiste et toutes les formes de musique doivent avoir accès à l’Audiovisuel Public (ex : Hip Pop) en croisant à la fois diversité et jeunesse. Il faut donc repenser les modèles français en se référant à de nouvelles écritures narratives ou en prenant mieux en considération les éléments de contexte comme, par exemple, la traduction automatique. La culture populaire, qui se fonde sur des formats de flux innovants, doit être reconnue et aidée (sans oublier problème des pilotes qui ne sont plus financés). Les formats français font d’excellentes audiences et il est donc paradoxal que le Service Public n’en soit pas le moteur. Une stratégie doit être mise en place pour mieux les vendre.

Pour Gilles Camouilly, la question essentielle à se poser au moment de réformer l’Audiovisuel Public est : On s’adresse à qui et Pourquoi.

Les contenus sont au cœur de la réforme à envisager, au même titre que les axes éditoriaux. Toutefois, l’identité éditoriale ne pourra être pleinement validée et affirmée dans un contexte d’instabilité chronique au sein des instances dirigeantes du Service Public de l’Audiovisuel. Ce problème de gouvernance est donc à traiter en urgence. De ce fait, la proposition de la désignation du Président d’une Holding par un Conseil d’administration composé des professionnels du secteur (jetons de présence) est essentielle. Le mode de désignation doit être incontestable car un manager ne peut piloter si sa légitimité n’est pas reconnue.

Le rôle du CSA en la matière doit donc être remis en cause comme l’alourdissement permanent de la réglementation et des contrôles d’exécution inhérents.

La volonté de faire travailler les différentes entreprises du Service Public de l’Audiovisuel avec une identité éditoriale commune oblige à repenser la mise à disposition des ressources humaines afin que celles-ci ne deviennent pas un obstacle difficile à surmonter. Mais il est à craindre que les changements d’usage soient tels que le retard pris dans l’approche globale ne permette plus de continuer dans le mode de fonctionnement actuel. D’autant plus que la création française a besoin d’être soutenue et que le Service Public de l’Audiovisuel doit continuer à s’impliquer dans cette mission.

C’est à la tutelle de conduire cette transformation. C’est de sa responsabilité que d’accompagner cette indispensable adaptation et d’avancer dans un monde qui appartient à la fois à la culture et à l’industrie.

L’OTA se doit d’alimenter ce schéma par ces propositions.