L’empreinte numérique de
la 5G sur l’environnement.
Le vrai du faux.
Le volume mondial des données
numériques que l’on traite chaque année double tous les 18 mois. Il passera
ainsi de 35 Zêta bytes actuellement, à 175 Zêta bytes d’ici à peine 5 ans. Ces
données constituent la matière première indispensable au développement de l’Intelligence
Artificielle, et avec elle, celui de nouveaux usages, services et produits.
C’est en substance ce qu’a encore
rappelé le nouveau Commissaire Européen Thierry BRETON dans une interview récemment
donnée aux Échos.
Dans son exposé, Thierry
BRETON a par ailleurs tenu à préciser que si 80 % des données créées sont aujourd’hui
stockées dans des data centers ou dans le Cloud – et les 20 % restant
en périphérie, à savoir dans nos smartphones, nos véhicules connectés et autres
objets communiquants – cette proportion devrait s’inverser d’ici 5 ans (80 %
des données seront alors disséminées partout, dans tous les objets connectés).
C’est précisément là que la
5G jouera un rôle aussi déterminant qu’essentiel pour permettre l’avènement de cette
informatique distribuée et essaimée, aussi appelée Edge Computing.
Il n’est donc pas étonnant
que le lobbying intense des industriels des télécom pour développer au pas de charge
la 5G trouve un écho extrêmement favorable auprès des différents gouvernements.
Il ne s’agit pas tant pour eux de prélever de l’argent sur la mise aux enchères
des fréquences libérées, que d’organiser et sécuriser durablement une nouvelle
ère sociétale autour de l’intelligence connectée mise au cœur des habitations, des
entreprises, des villes, de la nature, de la santé, des transports, de l’agriculture,
de la défense, …
Et quand tous les produits du
quotidien deviendront tour à tour numériques, et plus simplement électriques ou
mécaniques, ils auront évidemment vocation à être équipés des antennes et des processeurs
nécessaires pour s’arrimer à l’Internet des Objets soutenu par la 5G.
UN ENJEU DE SOUVERAINETÉ
La 5G n’est donc décidément
pas une simple évolution de la technologie précédente (3G/4G), mais bel et bien
une véritable rupture sensée offrir des opportunités et des changements
sociétaux majeurs, et ce d’autant plus que les prochains Graal technologiques
en dépendent :
- Très haut débit mobile, pour tous, partout, et sans
aucune latence (Homme augmenté et désenclavé, villes intelligences, Industrie
4.0, transports, …).
- Médecine connectée avec même des opérations
chirurgicales télé réalisées à distance.
- Voitures et transports 100% autonomes (et sans
danger).
- Réalité virtuelle pour assister et égayer notre
quotidien.
- Réalité augmentée pour accompagner notre travail et
notre formation.
- Villes et bâtiments intelligents pour fluidifier les
mouvements et optimiser l’empreinte énergétique et environnementale.
- Industrie intelligente pour fabriquer et livrer à la
demande, en flux tendu.
Mieux que SIgfox ou LoRa, la
5G c’est aussi la promesse induite de la généralisation des objets connectés et
des capteurs très bas coûts, bas débits, très nombreux, avec des piles capables
de durer 15 ans.
La 5G c’est enfin et par
définition le réseau des IoT dits critiques. Un expert rappelait d’ailleurs
dans une récente tribune qu’avec la 5G, « nous allons obtenir une
fiabilité de 99,999 %, couplée avec des latences extrêmement faibles (1 ms au
minimum) et c’est la combinaison des deux qui permettra de traiter des
applications jugées jusqu’alors trop sensibles pour la mobilité : voitures
connectées, équipements de santé, applications industrielles ».
Pour le grand public, la 5G
servira surtout à jouer en ligne et à profiter du streaming en très haute
qualité. Il est vrai que la 5G préfigure des débits tellement rapides et des
latences tellement imperceptibles, que tout le monde aura la capacité de
profiter de la super haute définition tout le temps et en tous lieux (4K, 8K),
mais aussi d’offres élargies de jeux vidéo en streaming hyper fluides et
réalistes.
Mieux encore, la 5G promet de
véritablement révolutionner le spectacle audiovisuel en proposant des solutions
immersives abouties (dans un stade, un concert, sur un plateau de cinéma, …),
le tout comme si l’on y était. Le couplage de captations d’images multi-plans, avec
des lunettes de réalité virtuelles autonomes et même des capteurs de sensations
toujours plus nombreux, promettent des scénarisations spectaculaires, notamment
de course automobiles, mais aussi forcément un nouveau rebond pour l’industrie adulte
qui y verra le moyen, après avoir subi le piratage et les offres Internet
gratuites, de capter des offres payantes autour de nouveautés (rappelons que
Canal+, tout comme d’autres opérateurs après, a notamment forgé une partie de
son succès originel sur la nouveauté apportée en matière d’offre de sports et
de contenus pour adultes).
La Réalité Virtuelle et
Augmentée seront probablement les deux marqueurs les plus signifiants de la révolution
5G, comme le Smartphone l’aura été pour l’Internet mobile. Pour le grand-public,
la Réalité Virtuelle va décupler le spectacle immersif, et la Réalité Augmentée
nous permettre de visualiser chez nous un meuble, un vêtement, un look, ….
Avant de passer commande d’un clic. Les intérêts sont tout aussi prégnants pour
le milieu professionnel (formation, interventions, magasins, …), médical et
éducatif, d’autant qu’avec la 5G, il n’y aura plus de rupture de couverture
(comme avant entre les réseaux fibrés ou non, mais aussi Intranet privés ou
ouverts).
PROMESSES, PROMESSES, …
Bref, la 5G, c’est top, c’est
moderne et c’est inéluctable. Donc pas le choix ni moyen d’y échapper.
D’ailleurs on nous résume
tout ça en nous martelant que la 5G c’est plus rapide, plus connecté, plus réactif,
…. Et même, plus écologique.
Ah bon ? Écologique la
5G ? Il faudra toutefois penser à changer tous nos smartphones en mettant au
rebus les actuels, fussent-ils récents, mais aussi nous équiper d’une foule
d’objets connectés, finir par abandonner les liaisons fixes au profit des
liaisons mobiles pourtant plus énergivores, démultiplier le nombre d’antennes,
de micro-satellites et de datacenter pour soutenir la surcharge du réseau consécutive
à l’effet rebond d’augmentation du trafic, …
Qu’à cela ne tienne, on nous
assure quand même que la 5G sera écologique, du moins sur le papier, car dans
les faits, c’est bien plus compliqué d’autant que la 5G va cohabiter très longtemps
avec la 4G, et non pas s’y substituer, et qu’on parle donc d’augmenter
l’empreinte numérique.
Certains experts ont pourtant
prévu que la 5G permettra d’atteindre 90 % de réduction de la
consommation d’énergie du réseau en utilisant des modules particulièrement
économes, limitant ainsi l’impact sur l’environnement.
La performance énergétique, ce
fut l’argument choc des opérateurs, notamment Verizon dont le PDG a assuré
lui-aussi au CES 2019 que « les équipements réseaux et terminaux 5G
consommeront 10 % de l’énergie consommée par leurs équivalents 4G ».
L’ARCEP pondère quelque peu
cet enthousiasme en rappelant que « à usages constants », donc
sans augmentation du trafic, les antennes relais 5G seront moins énergivore….
Sauf que plus on a de bande passante, et plus on en consomme, et que de fait,
l’amélioration de l’efficacité énergétique de la 5G sera insuffisante pour
contrebalancer ses effets sur l’environnement.
L’ARCEP l’illustre d’ailleurs
parfaitement bien en déclarant que le cloud gaming « pourrait conduire
à une augmentation d’usage susceptible de contrebalancer les éventuels gains
énergétiques qu’il aurait permis d’exploiter ».
Chez ORANGE, on avance que
l’impact écologique est ailleurs : « la 5G accélérera la
multiplication de capteurs pour un monitoring généralisé de la pollution, du
bruit, de la température, de l’humidité… La prise de décisions en temps réel
bénéficiera directement à la gestion des villes, de l’agriculture, du trafic… ».
Mieux encore, grâce à l’Edge
Computing et au traitement local des données, la capacité de calcul sera disponible
sur place, au moyen de nos supers smartphones 5G dotés de puces bardées de
coprocesseurs neuronaux, et ce sans devoir déplacer les données et les calculs
dans le Cloud comme nous le faisons aujourd’hui, notamment quand on interroge
SIRI ou tout autre assistant vocal…. Or selon les calculs, cela devrait
réclamer moins d’énergie de traiter les données localement, qu’il n’en faut
pour les déplacer dans le Cloud.
L’architecture décentralisée de
la 5G permettrait donc des économies d’énergie puisque les données ne sont plus
forcément traitées dans des sites centralisés répartis dans le Cloud, mais
localement…
Disons plutôt que dans ce
cas, c’est l’utilisateur qui paye la note énergétique et matérielle avec son
smartphone 5G, et donc que l’opérateur ubérise en quelquesorte ses coûts
d’exploitation. Bien joué.
Ceci reste par contre
totalement antinomique avec une autre déclaration des experts bien-pensants de
la 5G qui nous prédisent une forte baisse de la consommation de nos smartphones
qui n’auront plus, typiquement pour exécuter un jeu ou une application, à tout
calculer en sollicitant pour cela leurs processeurs quadri-cœurs, mais à juste à
visualiser le rendu vidéo du résultat interprété ailleurs sur des serveurs
distants. C’est typiquement le cas du Cloud Gaming où la puissance de jeu est
louée par abonnement, puis streamée comme une vidéo. Le Français BLADE en est
l’un des précurseurs de ce que l’on peut véritablement appeler le « jeu –
vidéo », mais les géants GOOGLE, SONY, MICROSOFT, STEAM et même AMAZON sont
désormais dans la partie…
Déporter ailleurs les
opérations qu’on ne peut pas réaliser localement sur son équipement, sans
latence, pourrait effectivement libérer de la puissance de calcul, donc
renforcer l’autonomie et même l’usage de nos smartphones.
Mais rien ne dit que nous ne
continuerons pas quand même à succomber à la mode du tout dernier iPhone toujours
plus performant, même si l’actuel pourrait encore largement faire l’affaire. Et
tant pis pour l’usage immodéré des terres rares à l’autre bout du monde, au
mépris de l’écologie des sites et de l’empreinte carbone nécessaire pour
fabriquer un smartphone (80% d’impact dès la production).
Ne comptons donc pas sur la 5G
pour modérer les ardeurs des équipementiers à nous vendre toujours plus de
smartphones et bientôt d’objets connectés et autres gadgets qui iront
avec.
LA 5G – LES LEVIERS BUSINESS
Pour les abonnés télécom, la
5G va favoriser les usages multimédias et le streaming, les deux représentant
déjà plus de 80% de l’usage d’Internet aujourd’hui. Mais il y a fort à parier
que l’abonnement de base ne pourra augmenter qu’à la marge, voire pas du tout.
Les opérateurs vont alors chercher à se refaire avec des offres disjointes
connexes (pour la voiture, la domotique, etc).
Pour les abonnés professionnels,
disons-le les entreprises, ce sera très différent. Ils pourront enfin disposer,
grâce au mécanisme de virtualisation logicielle des réseaux 5G (appelé network
slicing), de réseaux privés, et même prioritaires, avec une vraie garantie de
services, le tout permettant de contribuer à l’exploitation de leurs opérations
critiques, mais aussi de protéger leurs actifs. Les professionnels vont ainsi
rémunérer au prix fort les opérateurs télécom pour cela, ce qui générera des
revenus très significatifs (notamment pour les métiers en devenir à forte
dimension sécuritaire comme la voiture autonome, la santé, et l’industrie 4.0).
Mais à l’instar de la ruée vers l’or où les vendeurs de pelles et de pioches ont souvent gagné bien plus d’argent que les chercheurs d’or eux-mêmes, ce sont là-encore les équipementiers de la 5G qui vont de très loin le plus profiter de l’aubaine de cette révolution.
Avec la 5G, il est question
de devoir installer trois fois plus d’antennes que pour la 4G afin d’assurer la
même couverture. C’est d’ailleurs confirmé par la réalité du terrain puisque
les opérateurs Chinois ont déjà dû déployer plus de 80.000 sites 5G en Chine
depuis un an.
Il faut dire qu’avec la
technologie 5G, chaque opérateur devra installer des stations de base tous les
100 mètres dans toutes les zones urbaines du monde. Si les antennes relais
étaient jusqu’ici installées en hauteur, avec la 5G, ces relais intermédiaires seront
positionnés comme des bornes WiFi, partout dans l’espace public, devant les habitations,
les commerces, les transports en commun, le tout à hauteur d’homme ce qui ne va
pas sans poser la question de l’impact sanitaire (nous y reviendrons).
Bref, en plus des millions de
stations de base 5G, et des 20.000 nouveaux satellites qui seront lancés, c’est
en centaines de milliards qu’il faudra compter le nombre d’objets connectés à
déployer.
L’équipementier ERICSSON prévoit d’ailleurs que c’est le renouvellement du matériel grand public qui aura le plus fort impact sur l’environnement.
Stéphane RICHARD, le Président d’ORANGE, estime quant à lui que c’est en dernier ressort au consommateur de trancher : « C’est presque un débat philosophique et en tous cas une question de liberté individuelle. La 5G représente un progrès qui n’est pas mauvais en lui-même. Tout dépend de la consommation que vous en ferez. Après, chacun est libre de ne pas participer à la surconsommation numérique ».
LES AUTRES LEVIERS DE LA CONTESTATION
C’est précisément parce que
le déploiement de la 5G aura forcément une empreinte écologique majeure, que
des intellectuels, et pas seulement des experts du sérail, commencent aussi à
s’y intéresser.
L’astrophysicien Français Aurélien
BARRAU qui s’est récemment fait remarquer par l’impact de ses ouvrages sur
l’écologie, notamment depuis son best-seller Le Plus Grand Défi de
l’histoire de l’humanité (aux éditions Michel LAFON, mai 2019), n’a pas mâché
ses mots sur la 5G.
Aurélien BARRAU nous
dit : « On prépare donc le réseau téléphonique 5G. Activement.
Avec frénésie et impatience ! Pour un temps de latence un peu amoindri et la
certitude que les vidéos seront visibles « outdoor » sans la moindre interruption,
nous allons déployer d’innombrables antennes, détruire les précédentes, tout
renouveler – sans doute en de multiples exemplaires, opérateurs disjoints
obligent … Voila l’archétype de ce qui mène au désastre. Notre incapacité
structurelle à dire « ça suffit, nous n’avons pas besoin, pas envie, de
cette débauche insensée. La 5G tue. Non pas à cause des effets des ondes sur la
santé humaine. Mais en tant que création artificielle d’un besoin arbitraire
aux conséquences dévastatrices ».
De façon plus modérée, l’OMS
a de longue date classé les rayonnements électromagnétiques parmi les
cancérigènes possibles.
À Bruxelles, la Ministre de
l’Environnement a estimé que “les Bruxellois ne sont pas des rats de
laboratoire » pour justifier de sa décision d’attendre de disposer des
moyens fiables de mesurer efficacement le rayonnement des antennes 5G avant tout
déploiement dans la capitale Belge.
Pour les Américains, le problème
est réglé. En Août 2019, la FCC (l’équivalent là-bas de l’ARCEP) et la puissante
FDA (leur Agence du Médicament et de la Santé), ont conclu de concert que la 5G
est tout aussi inoffensive que ne le sont la 3G et la 4G.
En France, l’ANFR (Agence
Nationale des Fréquences) répond aux inquiétudes qui persistent en affirmant
que « Les téléphones qui seront compatibles avec la 5G
n’émettront pas davantage d’ondes que les smartphones actuels, qui se
situent sous les seuils réglementaires« .
Mais c’est vrai que depuis le
scandale Volkswagen, cela n’est pas forcément de nature à rassurer tout le
monde quand aux seuils garantis lors des tests de contrôle dont on sait qu’ils
peuvent être fourvoyés grâce au truchement de logiciels de trucage.
Au final, s’agissant de la
santé, même si les risques de cancer, de baisse d’immunité ou de fertilité sont
toujours débattus, il n’en demeure pas moins que les vrais dangers avérés de
l’utilisation frénétique des portables sont d’abord les accidents de la route,
les selfies proches des précipices, le manque de sommeil qualitatif, la sédentarisation
et le surpoids, la passivité intellectuelle des plus jeunes face à leur
environnement, …
ET LA FRANCE DANS TOUT ÇA
Le processus 5G est
officiellement lancé depuis le 31 décembre 2019 pour attribuer les fréquences.
Les opérateurs ont jusqu’au 25 février 2020 pour déposer leurs candidatures, et
les autorisations seront délivrées au cours du second trimestre de cette année,
pour une exploitation commerciale possible dès 1er juillet pour
certains départements, et d’ici au 1er janvier 2021 pour tous les
autres.
Pour palier aux inquiétudes
légitimes sur l’espionnage et le sabotage, l’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes
d’Information (ANSSI) a été chargée d’évaluer les équipementiers retenus par
les opérateurs. On a aussi appelé cela le décret HUAWEI du nom du constructeur
Chinois que les Américains s’évertuent à vouloir bannir de chez eux, et de chez
tous leurs alliés. Une autorisation peut ainsi être refusée s’il
existe « un risque sérieux d’atteintes aux intérêts de la défense
et de la sécurité nationale« .
Mais une autre complication est récemment venue se glisser dans le paysage de ce début 2020. Deux ONG, « Agir pour l’environnement » et « Priartem » ont annoncé vouloir déposer un recours courant Février devant le Conseil d’État contre l’Arrêté du 31 décembre qui fixe le déploiement de la 5G pour la fin de l’année 2020. Selon elles, aucune évaluation préalable des effets sanitaires et environnementaux n’a été menée.
L’ANSES (Agence Nationale de Sécurité
Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail) ne les contredit
pas puisque dans son rapport préliminaire rendu public le 27 janvier 2020, dont
la version finale est attendue début 2021, l’ANSES relève « un manque
important, voire une absence » de données scientifiques sur les effets
biologiques et sanitaires liés à l’exposition aux fréquences de la future
téléphonie mobile 5G.
Face à tous ces atermoiements,
et compte-tenu aussi de la prise de conscience écologique désormais assez largement
partagée dans la société Française, notamment la jeunesse, l’ARCEP a prévu
d’organiser courant juin 2020 une conférence pour débattre des enjeux posés par
la 5G. Sébastien SORIANO, le Président de l’ARCEP, a ainsi déclaré : « sur
la question environnementale, deux thèses s’affrontent : l’une consiste à dire
que nous allons vers une surenchère des usages qui induira une consommation
énergétique croissante, l’autre que la 5G est plus efficiente de par son
architecture. Nous ouvrons ce débat sans a priori ».
Et en attendant, comme nous cherchons inlassablement à être toujours plus hyper connectés, nous pourrions méditer la phrase de Bernard Harcourt issue de son ouvrage « La société d’exposition » publié au Seuil en Janvier 2020. Ce chercheur Franco-Américain a ainsi écrit : « Notre vie numérique commence étrangement à ressembler à celle d’un sujet carcéral sous surveillance électronique. Pendant que certains sont forcés de porter des bracelets électroniques à la cheville, d’autres attachent lascivement leur montre Apple à leur poignet. »
Songeons aussi que si tout devient
hyper connecté autour de la 5G, alors le déploiement ira de pair avec de
nouveaux risques de cybersécurité ne serait-ce que par la multiplication des
points d’entrée et le fait que l’edge computing favorise aussi une
infrastructure plus décentralisée, donc moins facilement contrôlable et mise à
jour en terme de sécurité.
En tous cas, les Américains et les Chinois ont bien compris que la 5G était un enjeu stratégique majeur et même vital, et qu’il était donc impératif pour eux d’en maitriser la technologie et les applications pour asseoir et préserver leur souveraineté aussi bien sur le plan économique que diplomatique. De ce point de vue, la probable future guerre des brevets autour de la 5G, dont les Chinois sont devenus les plus gros inventeurs déclarés, pourrait en devenir un effet collatéral dont il est à espérer que les Européens n’en seront pas encore une fois juste tenus à être les clients dociles de l’éternel cycle de renouvellement des standards et des matériels de l’Industrie des télécoms.
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Bernard Chaussegros